
Syndrome du défilé thoracique
- 20/12/2022
Qu'est-ce que le syndrome du défilé thoracique ?
Le syndrome du défilé thoracique se définit par un ensemble de signes et symptômes cliniques variables résultant de la compression du plexus brachial, de l'artère sous-clavière ou de la veine sous-clavière lors de leur passage dans les voies anatomiques qui les transportent du cou aux membres supérieurs.
Quelle est la fréquence du syndrome du défilé thoracique ?
Cette entité clinique souvent sous-diagnostiquée présente une incidence de 10 cas pour 100 000 habitants. Cependant, des études anatomiques sur cadavres suggèrent que jusqu'à 90 % de la population présente des variantes anatomiques pouvant déterminer la présence de ce syndrome, cette affection étant plus fréquente chez les femmes (ratio de 4:1).
Quelles zones anatomiques sont atteintes par le syndrome du défilé thoracique ?
Le rétrécissement de ce passage peut être acquis ou congénital dans trois zones anatomiques spécifiques :
- Le triangle interscalénique, le compartiment le plus médial, contient les troncs supérieur, moyen et inférieur du plexus brachial et l’artère sous-clavière. Il est délimité antérieurement par le scalène antérieur, postérieurement par les scalènes moyen et postérieur, et inférieurement par la première côte. Il constitue le site le plus fréquent de compression neurologique.
- L’espace costo-claviculaire, le compartiment moyen, est le site le plus fréquent de compression vasculaire. Il est bordé supérieurement par la clavicule, antérieurement par le muscle sous-clavier, et postérieurement par la première côte et le muscle scalène moyen.
- Le petit espace rétropectoral, le compartiment le plus latéral, est bordé antérieurement par le muscle petit pectoral, supérieurement par le muscle sous-scapulaire et inférieurement par la paroi thoracique antérieure. Dans ce compartiment, on trouve les divisions du plexus brachial et du faisceau vasculaire axillaire.
Les anomalies anatomiques pouvant affecter ces compartiments sont :
- Hypertrophie des muscles scalènes ou variabilité de leur insertion.
- Présence du muscle scalène accessoire minimal.
- Tumeurs des tissus mous.
- Bandes fibreuses congénitales.
- Bandes musculaires anormales.
- Côte cervicale.
- Protubérances transverses C7, cal osseux ou anomalies de la première côte.
- Tumeurs osseuses.
- Lésions de l’articulation sternoclaviculaire.
Comment le syndrome du défilé thoracique est-il classé ?
Selon la composante affectée, on distingue :
1. Syndrome du défilé thoracique neurogène :
Dû à la compression du plexus brachial. Il existe deux types :
- Vrai ou classique, rare, 1 cas par million d’habitants. Également connu sous le nom de syndrome de Gilliat-Summer, il se caractérise par une atrophie du muscle court abducteur du pouce et des muscles hypothénar et interosseux de la main.
- Forme controversée (non neurogène), la plus fréquente du syndrome du défilé thoracique (représentant 90 à 95 % des cas, avec une prévalence allant jusqu'à 80 cas pour 1 000 habitants).
2. Le syndrome du défilé thoracique artériel:
Représente 1 à 5 % des cas, chez les patients effectuant des mouvements répétitifs des membres supérieurs avec les bras levés au-dessus des épaules.
3. Le syndrome du défilé thoracique veineux:
Représente 2 à 3 % des cas.
Quels sont les symptômes du syndrome du défilé thoracique ?
La variabilité des manifestations cliniques et le manque de données spécifiques rendent le diagnostic de ce syndrome très difficile.
Dans les cas d'origine neurogène, les symptômes varient selon la localisation de la compression. La compression la plus fréquente se situe dans la partie inférieure du plexus brachial, affectant les racines C8-T1, ce qui entraîne une atteinte clinique de la région ulnaire de l'avant-bras, de la main, de la région axillaire et de la partie antérieure de l'épaule. La compression du plexus brachial supérieur affecte les racines C5-C7, avec une manifestation clinique de douleur sus-claviculaire insidieuse irradiant vers la face, la tête, l'omoplate ou une atteinte distale du nerf radial au dos des deuxième et troisième doigts.
Il est important d'établir un diagnostic différentiel avec les neuropathies périphériques dues à la compression (syndrome du canal carpien, syndrome des arcades de Fröhse, etc.) et les radiculopathies cervicales. Il convient de rappeler que le syndrome du défilé thoracique se présente généralement avec une large distribution anatomique des symptômes, sans schéma radiculaire spécifique. Dans le syndrome du défilé veineux thoracique, on retrouve une douleur et un œdème importants du membre supérieur avec une sensation de lourdeur et de cyanose qui s'aggrave après une activité physique, et dans le cas du syndrome du défilé veineux artériel, une douleur, un engourdissement, une froideur et une pâleur qui s'aggravent à basse température.
Comment diagnostique-t-on le syndrome du défilé thoracique ?
Un examen physique du rachis cervical, des épaules et des membres supérieurs est essentiel. Il permet d'évaluer la position tête-cou-épaules et la posture générale du patient.
La comparaison du membre atteint avec le membre controlatéral fournira des informations sur la température, la couleur, l'atrophie musculaire et les modifications trophiques des ongles. La palpation de la région sus-claviculaire peut révéler une sensibilité, des masses palpables, etc.
Différentes manœuvres exploratoires permettent de suspecter une compression neurovasculaire et d'établir un diagnostic approximatif :
- Test de Wright : le patient est assis, le bras en hyperabduction et rotation externe. La tête est tournée du côté opposé au membre examiné. Une diminution du pouls radial est évaluée (cela peut survenir chez jusqu'à 7 % de la population en bonne santé).
- Test d'Adson : le patient est assis, le bras en abduction à 30°, la tête tournée du côté examiné. Une inspiration forcée et soutenue est demandée, ce qui provoque l'élévation de la première côte (plancher du triangle interscalénique) et une augmentation du tonus du muscle scalène antérieur. Le pouls radial est palpé simultanément et sa réduction ou son élimination est évaluée.
- Test de Roos : décrit comme le test le plus fiable pour diagnostiquer le syndrome du défilé thoracique, en particulier la forme neurogène. Le patient est assis, les bras en abduction à 90° et les coudes également fléchis à 90°. Dans cette position, on lui demande d'ouvrir et de fermer les mains pendant 3 minutes. Les patients atteints du syndrome du défilé thoracique signaleront des symptômes tels que des paresthésies, une lourdeur dans les bras ou une exacerbation de leurs douleurs habituelles, et peuvent ne pas se soumettre au test.
Quels examens diagnostiques sont prescrits pour le syndrome du défilé thoracique ?
- Radiographie standard : La radiographie cervicale et la radiographie thoracique constituent une première approche diagnostique permettant d’exclure des côtes cervicales, des apophyses transverses proéminentes, un cal osseux en cas de fracture, des processus dégénératifs du rachis cervical ou une néoplasie (tumeur de Pancoast).
- Électromyographie : Dans de nombreux cas, l’électromyographie peut être normale, mais elle est utile pour exclure une atteinte radiculaire cervicale, des lésions du plexus brachial ou des neuropathies périphériques par compression.
- Échographie : utile pour l’évaluation des syndromes avec atteinte veineuse et artérielle, mettant en évidence des altérations de la vitesse du flux en présence de sténoses ou d’anévrismes, la présence de thrombus veineux et permettant de corréler les symptômes du patient avec les résultats de l’échographie dynamique.
- Artériographie et phlébographie par tomodensitométrie : elles fournissent des images vasculaires d’une grande aide diagnostique en cas de syndrome artériel ou veineux.
- Imagerie par résonance magnétique : l’examen de choix pour évaluer la compression du plexus brachial dans le syndrome neurogène.
Comment traite-t-on le syndrome du défilé thoracique ?
Le traitement du syndrome du défilé thoracique est généralement conservateur. La kinésithérapie est principalement indiquée en cas d'atteinte neurogène, tandis que le traitement chirurgical est réservé aux cas vasculaires et neurogènes qui ne répondent pas au traitement conservateur.
Correction des facteurs prédisposants :
Dans les premiers stades de la forme neurogène, les symptômes peuvent être causés par une traction du tronc inférieur du plexus brachial, une affection aggravée par l'obésité, une mauvaise hygiène posturale ou des facteurs professionnels.
Le traitement conservateur vise à améliorer :
- L'arthrocinétique normale des articulations environnantes ;
- La correction des faiblesses et des déséquilibres musculaires ;
- L'amélioration de la mobilité des structures nerveuses afin d'éviter toute compression ou tension dans la gorge.
La kinésithérapie :
Vise à réduire la pression sur les structures neurovasculaires en :
- La relaxation des muscles scalènes.
- Renforcement des muscles de l'épaule et de la ceinture scapulaire (trapèzes, releveur de la scapula, muscles SCM, pectoraux et sous-occipitaux).
- Exercices posturaux pour corriger une mauvaise posture.
(Voir les exercices d'étirement et de renforcement pour le syndrome du défilé thoracique)
La kinésithérapie est souvent associée à des traitements tels que l'hydrothérapie, les massages ou des traitements pharmacologiques (AINS et myorelaxants). Des blocs anesthésiques du ganglion stellaire ou des muscles scalènes ont également été utilisés.
Prenez rendez-vous avec le Dr Jordi Jiménez. Il vous recevra dans le centre de Palma et vous aidera à retrouver une qualité de vie.