Blessures musculo-squelettiques au tennis

Blessures musculo-squelettiques au tennis

  • 08/10/2019

Ces dernières décennies, le tennis en particulier, et les sports de raquette en général, ont connu une augmentation significative de leur audience, se maintenant parmi les dix sports les plus pratiqués dans notre pays. Les pathologies musculosquelettiques associées au tennis sont très diverses et, bien qu'elles puissent se manifester de manière aiguë, sont généralement causées par des microtraumatismes répétés :

  • Le membre supérieur est de loin la zone anatomique où l'on retrouve le plus de blessures, et parmi ce groupe, l'épaule est l'articulation la plus touchée.
  • La colonne vertébrale est probablement la deuxième zone la plus fréquemment touchée. La pratique du tennis soumet la colonne vertébrale à des mouvements d'hyperflexion, d'hyperextension et de rotation, souvent à l'origine de diverses blessures.
  • D'autres articulations, comme les chevilles, les genoux, les pieds et les hanches, sont également soumises à des surcharges et peuvent donc subir diverses blessures.

PATHOLOGIE DU MEMBRE SUPÉRIEUR

A) ÉPAULE

Diverses pathologies peuvent affecter l'épaule, la plupart étant des microtraumatismes répétés auxquels elle est soumise, principalement en raison des exigences et de l'importance de l'un de ses aspects fondamentaux dans le jeu : le service (Figure 1).

Figure 1 : Différentes phases de service

Bien que les affections les plus courantes soient les tendinites et les processus inflammatoires aigus, nous décrivons ci-dessous quatre blessures importantes qui surviennent chez les joueurs de tennis professionnels et amateurs :

  • Le syndrome d'impaction ou syndrome sous-acromial, probablement le plus fréquent, provoque une douleur à l'épaule due à un conflit spatial entre son contenant (l'espace acromiocoracoïdien) et son contenu (la coiffe des rotateurs et la bourse séreuse). Le diagnostic clinique de cette affection se traduit par des douleurs et une altération fonctionnelle plus ou moins prononcées, et est confirmé par des examens tels que la radiographie, l'échographie ou l'IRM.

Le traitement initial est conservateur et comprend repos, anti-inflammatoires, kinésithérapie et rééducation fonctionnelle. L'infiltration est réservée aux patients dont l'état ne s'améliore pas avec ces mesures initiales.

Un pourcentage élevé de patients répondra à ce traitement initial. En l'absence d'amélioration, une chirurgie arthroscopique peut être indiquée.

Arthropathie acromio-claviculaire : L'articulation acromio-claviculaire est compromise lors de mouvements de grande amplitude, rapides et répétitifs. Elle touche presque toujours l'épaule dominante et survient après 25 ans. Trois mouvements pratiqués au tennis peuvent entraîner une atteinte de cette articulation.

Son diagnostic est principalement clinique et radiologique, appuyé par des radiographies et une échographie. Le traitement repose sur le repos et les anti-inflammatoires habituels, et, dans certains cas, sur des injections intra-articulaires de corticoïdes sous échographie. Rares sont les cas nécessitant une intervention chirurgicale.

  • Subluxation antérieure de l'épaule : Les traumatismes répétés, tels que les coups ou les services, entraînent une faiblesse du complexe antérieur de l'épaule, pouvant entraîner des lésions du bourrelet glénoïdien ou du bord antéro-inférieur de la glène. Elle se manifeste par une douleur intense en fin d'AVC, accompagnée d'une sensation de perte de force. Le traitement est généralement conservateur.
  • Neuropathie thoracique longue : Ce nerf long, originaire de la colonne cervicale, innerve, entre autres, le muscle dentelé antérieur. Le smash et le service sont deux mouvements de tennis susceptibles de provoquer des neuropathies dues à des microtraumatismes répétés. Elle se manifeste par une douleur et une faiblesse fonctionnelle de l'épaule, accompagnées d'une sensation de perte de force et d'omoplate alata, qui apparaît lorsque le bord médial de l'omoplate se soulève lors des mouvements actifs de montée et de descente du bras. (Figure 2)
    La kinésithérapie se concentrera sur la thérapie active ciblée de la ceinture scapulaire et la récupération fonctionnelle du muscle dentelé antérieur.

Figure 2 : Levée et abaissement brusque du bras pendant le service et le smash

  • La neuropathie du nerf supra-scapulaire, qui innerve les muscles sus-épineux et infra-épineux, peut être affectée par les smashs et les services (là encore, les plus exigeants techniquement et anatomiquement). Trois mouvements peuvent compromettre ce nerf :

    -Adduction horizontale. 

    -Rétropulsion horizontale de l’épaule avec rotation externe.

    -Propulsion antérieure avec rotation interne.

Français Le nerf suprascapulaire traverse deux encoches (l'encoche suprascapulaire, avant laquelle il donne sa branche innervante au muscle supra-épineux, et la spinoglénoïde, après laquelle il donne l'innervation à l'infra-épineux. C'est pour cette raison que les symptômes cliniques de cette neuropathie peuvent varier en fonction de la localisation de la lésion nerveuse. Le repos sportif, la thérapie par infiltration guidée par échographie et, dans les cas résistants au traitement conservateur, la libération chirurgicale du nerf peuvent restaurer la fonctionnalité, en complétant le traitement par une rééducation active et progressive dès les premiers signes de réinnervation.
 

B) COUDE

Peu d'articulations ont un lien aussi direct avec le sport. Le terme « épicondylite » ou « tennis elbow » désigne une douleur épicondylienne, qui englobe un ensemble de pathologies de la face antérolatérale du coude, pouvant irradier vers l'avant-bras. Plusieurs pathologies peuvent provoquer des douleurs dans cette zone :

  • Pathologie d'insertion. Altérations de l'insertion des muscles extenseurs de l'avant-bras dans l'épicondyle.
  • Lésions de l'articulation radio-humérale.
  • Neuropathies du nerf radial.
  • Douleurs irradiant depuis la colonne cervicale.

La plupart de ces affections sont dues à des mouvements répétitifs et à des microtraumatismes répétés causés par des coups de revers. D'autres facteurs, dans ce cas extrinsèques, peuvent être des défauts techniques ou matériels, des raquettes, la tension du cordage, etc.

Figure 3 : Phases du revers à une main

Lors du revers, on passe d'une flexion du coude et du poignet en extension avec tension maximale à une position d'extension du coude et d'extension maximale du poignet, provoquant une surcharge de l'insertion du muscle extenseur. (Figure 3)

Le traitement dépendra du diagnostic. En cas de pathologie d'insertion, il est recommandé de pratiquer du repos, un traitement anti-inflammatoire et, dans certains cas, des injections de corticoïdes sous échographie, de la kinésithérapie (étirements, exercices excentriques, etc.), puis de rééducation et de correction des facteurs impliqués (choix du matériel et amélioration de la technique de frappe). En cas d'épicondylite de plus de trois mois et ne répondant pas au traitement conservateur, des injections de plasma riche en plaquettes (PRP) sous échographie peuvent être indiquées. (Pour en savoir plus sur cette pathologie :https://drjordijimenez.com/fr/dr-jordi-jimenez/blog-prenez-soin-de-votre-sante/epicondylite-et-prp

 

Il convient de mentionner les cas d'épitrochléite (même douleur que celle du coude, mais à l'intérieur). Bien que peu fréquente dans ce sport, elle peut également survenir chez les joueurs de tennis (en fin de service et en coup droit).

Chez les enfants de 9 à 13 ans, il faut envisager la maladie de Panner (ostéonécrose du condyle huméral).

C) POIGNET

La puissance accrue du coup et la poussée liftée (Figure 4) ont entraîné une augmentation des pathologies dans ce sport, la plupart étant des tendinites légères ou des surcharges. De plus, les kystes synoviaux à l'arrière du poignet et les fractures de l'apophyse unciforme de l'os hamatum ne sont pas rares. Ces dernières se manifestent par une douleur au niveau du bord cubital de la main et du poignet, avec ou sans traumatisme antérieur (chute avec hyperextension du poignet) suite à des microtraumatismes répétés lors de la poussée ou du smash. Là encore, un traitement conservateur est essentiel.

Figure 4 : Coup top-spin
 

D) COLONNE VERTÉBRALE

Bien que tous les segments vertébraux puissent être touchés, le rachis lombaire est de loin le plus touché. La brutalité des rotations, flexions et extensions du segment lombaire, combinée à des facteurs tels que l'âge, le manque d'entraînement, des pathologies lombaires antérieures (spondylose, discopathie dégénérative, listhésis vertébral), associés à des défauts techniques et à des mouvements exigeants, comme ceux pratiqués en service, expliquent la vulnérabilité de cette zone et sa prédisposition aux blessures. (Figure 5)

  Figure 5 : Mouvements de flexion antérieure, d’hyperextension et de rotation lombaire.

 

E) BLESSURES MUSCULOTENDINAIRES

En ce qui concerne les lésions musculotendineuses, deux méritent une attention particulière en raison de leur spécificité à ce sport : la jambe du tennisman et la lésion du muscle droit controlatéral de l'abdomen (Figure 6).

  • Jambe de tennis : Le départ brutal et violent, genou en extension complète et cheville en flexion dorsale, provoque une désinsertion du muscle médial du mollet. Cette lésion touche généralement les personnes de plus de 40 ans et est associée à d’autres facteurs tels qu’un entraînement antérieur insuffisant, des facteurs environnementaux, des habitudes alimentaires, etc.

    Cliniquement, le patient ressent une douleur soudaine (le signe du choc), souvent accompagnée d’un craquement audible et d’une altération fonctionnelle sévère. Les examens radiologiques, principalement l’échographie, confirment le diagnostic et permettent également d’établir le suivi et le pronostic. Le traitement est conservateur dans la grande majorité des cas, avec une immobilisation de 3 à 4 semaines, suivie de kinésithérapie et de rééducation.

Figure 6 : Mécanismes de production de tennis leg et de lésion du muscle droit de l'abdomen.
 

  • Lésion du muscle droit controlatéral de l'abdomen : elle survient suite à une contraction soudaine des muscles abdominaux controlatéraux lors de la phase finale d'un exercice. Elle est parfois précédée d'un effort excessif, d'un manque d'échauffement, etc. La douleur se manifeste par une déchirure musculaire de la région abdominale inférieure controlatérale. L'échographie facilitera le diagnostic clinique.

F) PATHOLOGIE TENDINEUX

Les exigences physiques élevées, les efforts prolongés et les changements constants de rythme et d'accélération rendent les surcharges et les blessures tendineuses très fréquentes au tennis.

Au niveau du membre supérieur, le smash et le service sont les deux mouvements techniques qui sollicitent le plus le tendon du supra-épineux et le long chef du biceps brachial. Le coup droit lifté provoque fréquemment une styloïdite radiale et une tendinite des premiers muscles extenseurs, tandis que le revers et la volée en coup droit provoquent une styloïdite ulnaire et une surcharge du bord ulnaire du poignet. De même, une tendinite du triceps brachial est associée au revers slicé (Figure 7).

Figure 7 : Mécanismes de production de la styloïdite radiale, de la tendinite tricipitale et de la styloïdite ulnaire.

Les disproportions du haut et du bas du corps associées à un manque d'élasticité entraînent une tendinite des adducteurs, notamment lors de mouvements latéraux forcés (Figure 8).

D'autres atteintes tendineuses fréquentes incluent la tendinite rotulienne, la ténosynovite de la patte d'oie, la tendinite d'insertion des tendons péroniers, du tendon tibial postérieur et les tendinopathies du tendon d'Achille (les ruptures partielles ou complètes de ce tendon ne sont pas rares).

G) PATHOLOGIE ARTICULAIRE

Après avoir abordé la pathologie articulaire du membre supérieur, nous nous intéressons maintenant au membre inférieur. Si l'articulation de la hanche est plus sujette aux atteintes périarticulaires dues aux processus musculo-tendineux, et que le genou n'est pas particulièrement exposé (lésions méniscales, chondropathies, etc.), l'articulation de la cheville est particulièrement touchée chez les joueurs de tennis. L'atteinte ligamentaire externe due aux torsades de pointes forcées en varus (Figure 8) et aux lésions ostéochondrales du talus, etc., est fréquente.

Figure 8 : Mécanismes des lésions du ligament latéral externe de la cheville et des lésions des adducteurs.

En ce qui concerne le pied, différents processus, tous liés aux surcharges, aux altérations structurelles du pied, des chaussures et des surfaces de jeu telles que la fasciite plantaire (si vous souhaitez en savoir plus sur cette pathologie (https://drjordijimenez.com/fr/dr-jordi-jimenez/blog-prenez-soin-de-votre-sante/fasciite-plantaire)  et les fractures de stress (survenant principalement au niveau du 2e et 3e métatarsien).

Il est indéniable que toutes ces blessures peuvent être évitées en développant une capacité physique de base, en évitant la surcharge (une source fréquente de blessures), en créant des périodes de récupération entre les entraînements, en régulant l'intensité, la fréquence et la durée des entraînements, et en compensant autant que possible l'asymétrie inhérente au tennis par des exercices complémentaires.

REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier David Alfaro et Rafael Baena, dirigeants et entraîneurs du Club Tenis Delta, pour leur collaboration et leurs conseils techniques et iconographiques lors de la réalisation de cette publication.



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