Syndrome croisé supérieur de Janda : définition, causes, symptômes et traitement

Syndrome croisé supérieur de Janda : définition, causes, symptômes et traitement

  • 19/07/2025

Qu'est-ce que le syndrome croisé supérieur de Janda ?

Le syndrome croisé supérieur (SCS) a été décrit par Vladimir Janda en 1979. Il se caractérise par un ensemble de modifications posturales affectant la position du rachis cervical et thoracique, la position de la tête et la posture des épaules. Ces quatre troubles posturaux, lorsqu'ils persistent, provoquent des dysfonctionnements musculaires au niveau du rachis cervical et thoracique et des épaules, pouvant être à l'origine de douleurs cervicodorsales chroniques, de céphalées, d'un conflit sous-acromial (pincement des tendons de la coiffe des rotateurs de l'épaule) ou d'une compression du plexus brachial (nerfs reliant le cou à l'aisselle et assurant la mobilité et la sensibilité des bras) en différents points.

Ce dysfonctionnement postural entraîne :

  • Tête projetée vers l'avant (Figure 1, ligne bleue) : La tête est projetée vers l'avant, comme si elle cherchait à atteindre quelque chose. Ceci est mis en évidence en observant le patient de profil, où l'oreille est positionnée devant la ligne imaginaire reliant les deux épaules.
  • Épaules arrondies et surélevées (Figure 1, ligne verte) : Les épaules sont arrondies et projetées vers l’avant. Dans de nombreux cas, elles paraissent même plus hautes que la normale.
  • Hypercyphose dorsale (Figure 1, ligne rouge) : La courbure normale de la colonne thoracique (cyphose) est augmentée.
  • Hyperlordose cervicale (Figure 1, ligne jaune) : Pour compenser l’hypercyphose thoracique (point antérieur), la courbure normale de la colonne cervicale (lordose) est augmentée, ce qui provoque une cambrure excessive du cou vers l’arrière.

 

Figure 1

Quels muscles sont touchés ?

Ces postures dysfonctionnelles entraînent le raccourcissement ou la facilitation de certains groupes musculaires, qui seront la cible d'une tension musculaire accrue et de douleurs. D'autres groupes musculaires seront allongés ou inhibés, entraînant une diminution de la fonction musculaire.

Ainsi, à l'examen du patient, on retrouvera les muscles suivants raccourcis ou tendus :

  • Trapèzes supérieurs
  • Releveurs de la scapula
  • Muscles grand et petit pectoral
  • Muscles sterno-cléido-mastoïdiens
  • Muscles sous-occipitaux (muscles situés à l'arrière de la base du crâne)

Et les muscles suivants inhibés ou allongés :

  • Trapèzes moyens et inférieurs
  • Fléchisseurs profonds du cou
  • Muscles rhomboïdes
  • Muscles dentelé antérieur

Une contraction des trapèzes supérieurs peut provoquer des douleurs au niveau du cou et de l'épaule. Leur tonicité accrue surélève l'épaule et perturbe le rythme scapulo-huméral (mouvement synchronisé et harmonieux entre la scapula et l'humérus qui permet une mobilité optimale du bras).

Un muscle releveur de la scapula contracté peut également provoquer des douleurs cervicales et une altération de la mobilité scapulaire, appelée dyskinésie scapulaire (voir l'article sur le dyskinésie scapulaire). Un muscle petit pectoral contracté et raccourci tire la scapula vers l'avant et contribue à la dyskinésie scapulaire. Son raccourcissement est également impliqué dans l'irritation ou la compression du plexus brachial, situé juste en dessous (voir l'article sur le syndrome du petit pectoral).

Le raccourcissement des muscles sterno-cléido-mastoïdiens peut provoquer des douleurs cervicales et des maux de tête.

Des muscles sous-occipitaux contractés seront à l'origine de douleurs cervicales chroniques, de céphalées ou de migraines en raison de leur connexion étroite avec les nerfs occipitaux.

Tous ces muscles raccourcis et tendus ne trouveront pas de résistance face à leurs antagonistes (ceux qui s'opposent à leur action), qui seront allongés et faibles. Le muscle dentelé antérieur (principal muscle scapulaire qui permet de lever le bras au-dessus de la tête) et le trapèze inférieur (son principal assistant) seront affaiblis, contribuant à une perte de contrôle de la mobilité scapulaire (dyskinésie scapulaire) et à des difficultés à lever le bras au-dessus de la tête (douleur à l'épaule et impuissance fonctionnelle).

Quelles sont les causes du syndrome croisé supérieur ?

Les causes les plus fréquentes sont les suivantes :

  • Mauvaise posture chronique : Passer trop de temps devant un ordinateur, utiliser son téléphone portable de manière prolongée ou s'asseoir incorrectement sont des facteurs clés dans le développement et la perpétuation d'une mauvaise hygiène posturale. Ces postures prédisposent à la surcharge et provoquent des douleurs chroniques ainsi qu'une diminution de la fonction cervicale et scapulaire.
  • Entraînement physique déséquilibré : Entraîner les muscles antérieurs (pectoraux et épaules) sans solliciter les muscles postérieurs (rachis cervico-thoracique) peut créer ce déséquilibre.
  • Stress et anxiété : Ces facteurs peuvent provoquer des surcharges musculaires qui altèrent la posture.

Quels sont les symptômes les plus courants du syndrome croisé supérieur ?

De nombreux symptômes peuvent survenir suite à ces déséquilibres posturaux et à la mauvaise compensation musculaire qui en résulte :

  • Douleurs cervicales et maux de tête chroniques.
  • Douleurs d'épaule.
  • Douleurs du haut du dos.
  • Vertiges, souvent associés aux crises de cervicalgie.
  • Fourmillements ou engourdissements dans les bras, en cas d'irritation ou de compression dynamique du plexus brachial ou des nerfs périphériques. (voir l'article sur le Syndrome du défilé thoracique).
  • Scapulas ailées (dyskinésie scapulaire) : Les omoplates se séparent du thorax et leur bord médial (le plus proche de la colonne vertébrale) devient plus visible.
  • Douleurs à la mâchoire (articulation temporo-mandibulaire – ATM) dues à une tension musculaire, bien qu'il existe une controverse concernant le lien entre une nuque en avant et des problèmes d'ATM.

Quelles sont les options de traitement pour le syndrome croisé supérieur ?

L'objectif principal est de corriger le déséquilibre, de soulager la douleur et d'améliorer la posture. Le traitement comprend généralement :

Kinésithérapie :

  • Thérapie manuelle : Le massage, les techniques de relâchement myofascial ou l'aiguilletage à sec peuvent être utilisés pour soulager la douleur et détendre les muscles.
  • Exercices thérapeutiques :
    • Étirements : Les exercices d’étirement pour les muscles raccourcis sont bénéfiques pour restaurer la longueur, la tension et la fonction musculaires normales, ainsi que pour améliorer la posture. L’objectif est de retrouver une posture optimale, sans surcharge ni inhibition musculaire, et de retrouver l’équilibre.
    • Renforcement : Après avoir restauré la longueur et la tension musculaires normales, l’étape suivante consiste à renforcer les muscles inhibés ou affaiblis (trapèzes moyen et inférieur, rhomboïdes, grand dentelé, etc.). Cela comprend des exercices de traction, du rowing et un travail spécifique pour le cou et les épaules.
  • Rééducation posturale : Apprendre à maintenir une posture correcte au travail, dans la vie quotidienne et lors d’activités sportives. (voir l'article sur le Posture corporelle: recommandations pour votre vie quotidienne).

Changements de mode de vie :

  • Ergonomie : Ajustez votre chaise, votre écran et votre clavier au travail et à la maison pour favoriser une posture saine.
  • Pauses actives : Si vous passez beaucoup de temps assis, étirez-vous et faites de petits mouvements régulièrement.
  • Gestion du stress : Pratiquez des techniques de relaxation pour réduire les tensions musculaires.

Il est essentiel de traiter le syndrome croisé supérieur par une approche globale qui renforce les muscles faibles et étire les muscles tendus. Si vous présentez ces symptômes, je vous recommande de consulter un médecin spécialiste pour un diagnostic précis et un plan de traitement adapté.



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